LE CRI SILENCIEUX

 

“Voudriez-vous s'il vous plaît quitter la pièce ?”

“M. Durand, je n'ai rien fait, pourquoi suis-je licenciée ?”

“Mme Petit, allez aux ressources humaines et désactivez votre compte, M. Richard vous attend.”

“Pourquoi refusez-vous de comprendre ? Est-ce vraiment de ma faute ?”

André Durand était comme un mur. Quoi qu’elle dise, Isabelle ne parvenait pas à se faire entendre. On lui faisait du tort, elle souffrait. Elle se retint de pleurer en quittant la pièce. C'était comme si tout le poids de son corps était sur ses jambes. Elle avait du mal à marcher et elle ressentait comme un feu dans son cœur. C'était douloureux pour elle de se sentir impuissante et de ne pas parvenir à se faire entendre… Elle ne pouvait pas exprimer le cri silencieux qui grandissait en elle. Elle se rendit quand même avec une lueur d’espoir auprès de son chef, Sébastien.

 “Sébastien, dis-moi ce qui va se passer ? Pourquoi causerais-je du tort à mon employeur ? J'ai investi tellement d'efforts dans ce projet. Comment puis-je en être l’unique responsable ?”

 Sébastien était effectivement au courant de la situation mais il n'avait rien fait.

“Isabelle, je suis désolé, de telles choses peuvent arriver dans le monde du travail. Je suis désolé, je ne peux rien faire non plus.”

Alors qu’Isabelle se dirigeait vers les ressources humaines, ses collègues discutaient entre eux.

“C'est vraiment dommage pour Isabelle. Elle a été licenciée en raison de désaccords entre les patrons. Nous savons tous qu'en réalité, elle n'est qu'une employée dans ce projet. Mais si nous disons quoi que ce soit, nous risquerions également de perdre nos emplois.”

“Occupe-toi de tes affaires !” dit l'autre employé à côté de lui. 

“N’as-tu pas la responsabilité financière d’une famille, tu as un lourd crédit à payer. Que feras-tu lorsque tu seras au chômage ?”

Isabelle travaillait dans cette entreprise depuis huit ans. Pas un seul jour elle n'avait dit :

« Oh, je ne peux pas le faire ! ». 

Elle avait toujours essayé d'accomplir la tâche qui lui avait été assignée. De plus, elle n'était pas seule dans ce dernier projet. Le projet avait subi des pertes pour de nombreuses raisons. Mais ils avaient choisi Isabelle comme coupable.

En quittant son lieu de travail, elle se retourna une dernière fois.

"C'est vraiment dommage, si dommage !", dit-elle, la gorge nouée, elle ne comprenait pas pourquoi personne n’avait dénoncé l'injustice qu'elle avait subie. Elle quitta la société avec un cri silencieux qui grandissait en elle...

…

De temps en temps dans la vie, l’être humain est confronté à l'injustice...

Il essaie de s'expliquer, mais en vain...

Son cœur brûle, son cœur est attristé...

Personne ne comprend sa situation….

Il est innocent, il est exclu...

Celui qui donnera ce qui lui est dû entendra certainement sa voix !

Il lui donnera un coup de main pour le sortir du trou dans lequel il est tombé...

Les attentes devraient toujours être orientées vers Lui et non vers les êtres humains. …

…

Quand la justice est attendue des personnes,

Certaines personnes ont du pouvoir... Et elles ne font preuve d’aucune pitié...

Certaines personnes distinguent le bien et le mal… Et elles ne peuvent pas s'exprimer car elles n'en ont pas la force...

Certaines personnes s'inquiètent pour elles-mêmes… Et elles ignorent la vérité...

Une fois le pouvoir donné à l’homme, comment l’utilisera-t-il ?

La question commence ici !

Dirigera-t-il avec justice ou jugera-t-il selon ses propres volontés ?

 

Heureuse est cette personne,

Qui peut rendre justice à ceux qui le méritent…

Qui essaie de comprendre les événements de manière plus juste,

Qui a du pouvoir mais qui peut agir avec plus de compassion !

En revanche, malheureux est la personne qui commet une injustice alors qu'elle détient du pouvoir,

Elle serait elle-même l’oppresseur !

Alors, qu’en est-il de ceux qui gardent le silence face à l’injustice ?

Ceux qui ne s’expriment pas alors qu’ils connaissent la vérité, afin que leur propre confort et leur quotidien ne soient pas troublés...

Pourtant, celui qui restait silencieux face à l’injustice n’était-il pas le diable muet ?